L’audition de Mme Alliot-Marie devant la représentation nationale était une occasion pour elle de s’expliquer après mon interpellation de samedi, suivie de l’indignation de beaucoup d’autres responsables politiques, indignation ressentie par de nombreux citoyens. Prenant connaissance de ses propos, et de ceux du Premier Ministre, je maintiens que la morale autant que notre crédibilité diplomatique commandent qu’elle démissionne de ses fonctions.
L’argumentation du gouvernement devant les parlementaires, pour justifier ses propos durant la révolte du peuple tunisien, n’est absolument pas convaincante. Au contraire elle confirme le cynisme dont a fait preuve la diplomatie française de M. Sarkozy puisqu’à aucun moment elle ne fait état du moindre regret et encore moins de la moindre excuse. La ministre des affaires étrangères a même justifié sa proposition de coopération policière au régime policier de M. Ben Ali, au nom d’une répression moins sanglante et « plus efficace ». Enfin, Mme Alliot Marie a usé de la mauvaise foi en guise de mot d’excuse : en effet, personne ne lui reproche de n’avoir pas vu venir la chute de M. Ben Ali.
Ce qui reste impardonnable, c’est l’absence totale de condamnation des tirs, des assassinats, de la répression brutale de l’ancien pouvoir tunisien durant les manifestations. Ce qui est insupportable c’est que les autorités de la République française n’aient même pas exprimé le moindre appel à la fin des exactions policières. Ce silence est coupable. Mais, au-delà de la faute morale, il reste désormais qu’on s’interroge sur la crédibilité de la France si Mme Alliot-Marie continue de nous représenter auprès des futurs élus de la Tunisie, ceux-là même qui représenteront les citoyens hier réprimés par des policiers qu’elle avait proposé de mieux former.
Une autre diplomatie doit s’affirmer, porteuse, avec l’Union européenne, d’une véritable stratégie de coopération, de soutien au processus démocratique engagé qui doit aller à son terme. L’heure est à la construction d’une véritable relation d’égalité neuve et durable avec la Tunisie. Mme Alliot-Marie, malgré son expérience et les qualités qui lui sont propres, n’est plus qualifiée à mes yeux pour honorer une telle mission dans des rapports de confiance avec nos partenaires.
Pouria AMIRSHAHI, Secrétaire national à la coopération, à la francophonie et aux droits de l’Homme