Réfugiés, migrants : une crise qui exige des choix courageux

Sommet de la Valette : un fond spécial oui, si les objectifs sont clairs et la transparence garantie

Avant le « débat parlementaire sur l’accueil des réfugiés », j’appelle à aller au-delà des réponses lacunaires et demande une autre politique internationale et de développement.

L’asile est un droit que la France doit respecter et faire respecter. Notre pays doit tout d’abord fournir des conditions d’accueil décentes aux demandeurs d’asile qui sont déjà sur le sol français, en proposant des mises à l’abri dans des dispositifs en dur, permettant de répondre à leurs besoins vitaux, notamment à Calais. Un accueil décent est indispensable pour que les migrants puissent être correctement informés et exercer sereinement leurs droits, notamment de demander l’asile.

La promesse de la France d’accueillir 24000 personnes en deux ans, soit moins d’une personne par commune française, est un grain de sable comparé à ce que peut – et doit – faire la France. J’appelle François Hollande à ne pas attendre que le mécanisme européen soit effectif pour montrer l’exemple. Il faut commencer par s’appliquer à soi-même les principes qu’on voudrait prodiguer aux autres.

S’attaquer aux racines de la crise

Ce n’est pas tant sur les autres que sur nous-mêmes que cette crise est, une fois de plus, révélatrice. Révélatrice de la peur de l’Autre qui a tétanisé le pays depuis des mois que nous assistons aux naufrages et noyades dans la Méditerranée. Révélatrice d’une vision tronquée qui voudrait oublier que nous avons largement notre part de responsabilité dans les malheurs des populations qui frappent à la porte de l’Europe.

La distinction entre asile « politique » et exil « économique » est bien factice. Si certains bénéficieront du droit d’asile et pas d’autres, les migrants ne sont-ils pas tous des réfugiés, quand ils fuient la misère, la faim, la sécheresse, la pauvreté, le changement climatique ?

Renvoyer chez elles des personnes, des familles déjà présentes, qui ont franchi tous les dangers pour atteindre le continent européen est aussi injuste qu’irresponsable…d’autant que le coût des expulsions va rapidement devenir inassumable. C’est pourquoi la répartition par pays semble la plus pertinente pour faire face à l’urgence. Il est temps de prendre à rebours la culture xénophobe qui progresse sous les yeux apeurés et parfois complices de certains.

Sur le long terme, ce sont sur les lieux de départ des migrations que nous devons agir, en contribuant avec notre aide financière au développement économique et à la stabilité politique, sur le continent africain comme en Syrie et dans ses pays voisins. Si nous n’agissons pas maintenant, avec des moyens décuplés, alors ne nous étonnons pas que progressent tous les fléaux que fuient les populations, et qui produisent ce que nous affirmons combattre : le terrorisme. Nous devons élaborer une autre politique de développement, et la mettre en œuvre avec un effort financier décuplé. Le courage est de le dire aux français.

 

Lire aussi l’entretien dans France Soir du 10 septembre 2015 : « Les réfugiés fuient la guerre, mais pas seulement »