Depuis le début de la semaine, l’Assemblée Nationale débat de la réforme des retraites présentée par le Gouvernement. Mardi 8 octobre 2013, j’ai choisi de voter contre l’article 2, qui prévoit l’allongement de la durée de cotisation.
Il y a certes dans cette réforme d’anciennes revendications, sur la pénibilité, sur l’égalité femme-homme, sur la prise en compte des années d’apprentissage, qui sont pour la première fois mises sur la table et qui me satisfont. Sur ces points, le projet tourne le dos aux égoïsmes des réformes de la droite d’Edouard Balladur à François Fillon en passant par Jean-Pierre Raffarin. Néanmoins, je ne conçois pas l’allongement de la durée de cotisation comme une fatalité. Au nom de quelle loi naturelle ou sociale l’augmentation de l’espérance de vie doit être absolument synonyme d’augmentation du temps de vie passé au travail ? Serait-ce donc là la conséquence du progrès humain conquis à travers les âges et les civilisations ? De plus, il me semble contraire au principe républicain d’égalité des droits de subordonner ces derniers à des critères statistiques, faits de moyennes et calculée a priori sur la base d’une durée de vie supposée… Aléatoire égalité… On nous invite au réalisme : mais comment penser que les générations futures pourront acquitter leurs droits pour une retraite à taux plein à 62 ans alors qu’ils devront avoir cotisé … 43 ans ? Au vu de l’entrée tardive sur le marché du travail et des périodes de chômage, c’est évidemment impossible.
Par ailleurs, avec un chômage de masse et durable des jeunes, quelle est la vertu du maintien dans l’emploi de seniors, retardant par là-même l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Enfin, le risque manifeste de diminution des pensions par les décotes n’est pas effacé.
Je ne peux me résoudre à l’acceptation de fait d’une société future faite de travailleurs âgés (parfois de 70 ans !) et pauvres. Qu’un progrès de civilisation (vivre plus longtemps) puisse se traduire par un recul de société est tout simplement incompréhensible.