Roms: une réunion interministérielle, enfin!

Par Pouria Amirshahi, Député des Français de l’Étranger et Secrétaire national à la coopération, à la francophonie, à l’aide au développement et aux droits de l’homme du Parti socialiste.Après les démantèlements de camps de Roms engagés ces derniers jours, j’avais à plusieurs reprises affirmé, avec d’autres, mon point de vue : démanteler des camps ne sert à rien et ne fait que déplacer le problème. Si l’on veut mettre fin à des poches de pauvreté où l’insalubrité côtoie l’indignité – bref si l’on veut mettre fin aux camps indignes – alors l’action politique doit s’inscrire dans le temps.

Ce n’est pas tant Manuel Valls, en tant que ministre de l’Intérieur, qui fut en cause, que le fait d’aborder ce sujet sous le seul angle de la répression policière. Traiter les questions d’ordre public, pour aussi nécessaire que cela soit, ne saurait être une fin en soi, sauf à sombrer dans le tonneau des Danaïdes : dès qu’un trou est bouché, un autre apparaît un peu plus loin.

Le débat ne se situe pas entre partisans de la répression et militants angéliques, mais porte en réalité sur l’intelligence de l’action de l’État, qui doit inscrire des programmes d’insertion sur l’école, le travail, la sédentarisation, en veillant à la cohésion sociale et territoriale, le tout sur plusieurs années.

Concernant les Roms, de nombreux ministères sont concernés: la Lutte contre l’exclusion, les Affaires sociales, l’Intérieur et l’Éducation nationale en particulier, mais également le ministre des Affaires européennes pour une coopération renforcée avec les pays d’origine. L’annonce faite ce matin par Manuel Valls d’une prochaine réunion interministérielle présidée par Jean-Marc Ayrault est une réponse à la hauteur de l’enjeu.

De même, la concertation engagée avec les élus locaux et les associations doit se poursuivre afin d’impliquer le plus grand nombre d’acteurs concernés sur le terrain.

En choisissant cette voie, le gouvernement montre que le changement s’engage aussi sur le terrain de l’action réformatrice : loin des effets d’annonce ou des provocations de son prédécesseur, le gouvernement fait le pari de l’intelligence. Quand la pédagogie de l’opinion s’appuie sur la raison et la vérité, elle produit toujours ses effets.

C’est sans doute plus difficile, nécessite plus de temps, mais c’est sans doute la voie la plus sûre pour une solution durable et encore le meilleur moyen de faire reculer à la fois la pauvreté et la xénophobie.