‘‘Une économie intégrée entre le Maroc et l’Algérie serait une bonne nouvelle pour l’Europe…’’

La Nouvelle Tribune: Peut-on avoir une idée du contenu de votre ‘‘escale’’ au Maroc?

M. Pouria Amirshahi: Lors de mon séjour au Maroc j’ai rencontré les Français résidants à Casablanca et Marrakech, les opérateurs économiques français et aussi marocains, les parents d’élèves et les syndicats d’enseignement… Nous avons pu débattre de toutes les problématiques de l’heure, en particulier l’issu de la crise en Europe et la réorientation de l’économie mondiale. Je reviendrai au mois de décembre à Casablanca, Fès, Oujda et Tanger.

J’ai essayé avec les responsables marocains de reformuler notre projet méditerranéen. Aujourd’hui en Europe, il y a la crise, mais de l’autre côté de la Méditerranée, il y a certes de l’incertitude, mais aussi de l’espoir et de bonnes perspectives d’avenir. Notre objectif, loin de toute logique de domination ou de supervision de ce projet de la part de la France, reste cette volonté d’y associer tous les pays du pourtour méditerranéen.

Nous voulons travailler ensemble et essayer d’intégrer nos projets et nos économies pour justement donner du sens à l’enjeu méditerranéen. Je me considère l’ambassadeur du projet méditerranéen.

Qu’attendez-vous réellement du Maroc en la matière ?

A reconnaître dans un premier lieu que le Maroc bouge et confirme son mouvement pour la régionalisation, la réforme constitutionnelle, la stratégie méditerranéenne, la réforme de la Justice et de l’Administration… Je pense que ce dynamisme marocain sert d’élan au projet méditerranéen. Au niveau du Maroc et de la France, il y a une vision commune, mais il faut convaincre les autres, à savoir le sud de l’Europe, les pays du Maghreb…

Mais ça bloque toujours au niveau du Maroc et son voisin algérien ?

Je pense que la principale solution aujourd’hui est la reformulation d’un projet commun et intégré entre Marocains et Algériens. Ce qui est sûr toutefois c’est qu’au niveau des acteurs associatifs des deux pays, il existe une réelle volonté d’aller de l’avant. Dans tous les cas, une économie intégrée et commune entre l’Algérie et le Maroc serait une bonne nouvelle pour tout le pourtour méditerranéen ainsi que pour toute l’Europe. Il vaut mieux se tendre la main que se tourner le dos.

Concernant maintenant l’octroi des visas et de la cherté de l’enseignement français au Maroc ?

Au niveau de la France, il y a une volonté de faciliter la mobilité. Je pense que le taux de refus des visas reste très faible au Maroc, mais pour insuffler cette dynamique de mobilité, il faut en plus des projets communs et des partenariats entre différentes institutions scientifiques, économiques, de formation… Et pour ce qui est de l’enseignement français à l’étranger, nous avons une mission double, à savoir la contrainte d’assurer l’enseignement aux Français de l’étranger et permettre aux nationaux d’intégrer l’enseignement français. Et on aura du mal à trouver la bonne formule. Le projet éducatif français à l’étranger reste un grand chantier. Pour le moment, je ne pense pas qu’il y aura une baisse significative en la matière.

Comment se déclinent les rapports entre la présidence française conduite par le PS et un Gouvernement marocain conduit par le PJD, une formation islamiste qui ne se retrouve certainement pas dans le projet socialiste ?

C’est clair qu’on est à l’aise avec des partenaires politiques qui partagent nos idéaux. Le Gouvernement Benkirane, comme tout gouvernement d’ailleurs, est appelé à répondre à toutes les contraintes et c’est à l’opposition de faire son travail au niveau du Parlement et préparer son projet politique d’avenir. Avec M. Benkirane, nous débattons et nous nous penchons sur les dossiers d’intérêt commun pour y trouver les solutions adéquates et le tout pour pérenniser nos relations bilatérales…

Propos recueillis par
Hassan Zaatit