Les révélations de Wikileaks, en partenariat avec Mediapart et Libération, concernant l’espionnage politique et économique par la NSA obligent à une mise au point claire : comment tolérer qu’un partenaire historique espionne nos représentants politiques, hauts-fonctionnaires et entreprises ?
Il faut en tirer des conclusions, bien au-delà des failles dans notre système de sécurité.
Certes l’espionnage politique et diplomatique n’est guère surprenant. Mais les fausses indignations n’enlèvent en rien la gravité de la duplicité des États-Unis qui, non contents de surveiller ses « alliés », les affaiblissent et nuisent à leurs intérêts.
Politiquement et économiquement, ce sont les bases mêmes de l’alliance avec les Etats-Unis qu’il faut poser. Celle-ci ne saurait se fonder sur les dettes d’Histoire réciproques, mais sur l’avenir. Voulons-nous la coopération ou la concurrence des nations entre elles, et des démocraties en particulier ? Il faut poser avec clarté cette question dans le débat public, dans l’intérêt même de la relation entre nos deux peuples.
Dans l’immédiat, alors que la Commission Européenne négocie actuellement – en notre nom – un traité de libre-échange (TTIP) le plus important de notre histoire commune – et lourd de risques et dangers -le gel des négociations devrait être demandé, tant que l’éclairage n’aura pas été apporté sur cette affaire. Cette partie d’échecs tronquée que nous imposent les Etats-Unis doit inciter les représentants Français à être d’autant plus vigilants sur les positions prises par la France au sein de l’Union Européenne concernant cette négociation, absolument opaque.
Enfin, ces révélations doivent nous inciter à un questionnement profond sur la géopolitique de la France : La France ne saurait s’inscrire dans le seul « bloc occidental » dans lequel on l’enferme trop souvent. Elle est d’abord un pays européen et méditerranéen. Tournons-nous aussi vers nos amis et voisins, dont les fragilités autant que les espoirs nous concernent tant.
Entre la désormais méfiance à l’égard d’ « alliés » et la peur de nos propres voisins, il est une autre ambition internationale possible : celle du partage, de la coopération sincère.