Retrouvez l’article de L’Express suite aux propos sexistes tenus par Philippe Le Ray à l’encontre de Véronique Massonneau :
Quelques jours après le « Poulegate », la députée EELV Isabelle Attard a lancé « Le Poulailler de l’Assemblée » pour remettre des prix de « sexisme ordinaire ». L’agresseur de Marion Maréchal-Le Pen -qui l’a traitée de « salope »- n’en aura pas: ce n’est pas du sexisme, mais de l’insulte, expliquent les chefs du « poulailler ».
« Le Poulailler de l’Assemblée? C’est une plaisanterie? ». Même à l’accueil de l’Assemblée, le nom fait sourire. C’est pourtant bien celui qui a été attribué au nouveau groupe, lancé par Isabelle Attard, députée EELV du Calvados, et dont la première réunion se tenait ce mercredi. Un groupe qui vient en réponse au « poulegate » de mardi dernier, cet épisode pendant lequel Philippe Le Ray, député UMP a imité une poule alors que la députée EELV Véronique Massonneau s’exprimait, et qui entend lutter contre le sexisme à l’Assemblée nationale.
« Il faut toujours un événement de la sorte pour qu’on prenne vraiment au sérieux ce sujet », déplore Isabelle Attard. Le « poulegate » dont a été victime Véronique Massonneau, députée EELV de la Vienne, aura servi de déclencheur. Mais c’est à Jacques Myard que revient la remarque qui a incité Isabelle Attard à se mobiliser contre le sexisme au Parlement. En mars 2013, le député UMP des Yvelines déclarait que les langues étrangères s’apprenaient « à partir de 15 ans, quand on va voir les petites Anglaises ou les petites Allemandes ».
Depuis, d’autres dérapages sont venus s’ajouter à la liste des remarques sexistes de l’Assemblée. Des remarques sur les tenues des femmes, le fait que les députées se font souvent appeler par leur prénom. « Le pire, c’est quand on a l’impression d’être transparente« , déplorait une députée.
Face au sexisme, Isabelle Attard choisit l’humour. En témoigne la vocation du groupe: décerner le « prix du sexisme ordinaire ». Pour autant, l’initiatrice veut aussi aborder des questions plus sérieuses: « Comment vit-on le fait d’être femme au Parlement? Quelles sont nos responsabilités? Sommes-nous là pour faire de la figuration? ».
Les insultes contre Marion Maréchal-Le Pen « ne sont pas sexistes »
Malgré sa mission, la réunion du « Poulailler de l’Assemblée » n’a pas réussi à attirer beaucoup de député(e)s, faute de temps pour l’organiser. Mais depuis l’incident de la semaine dernière, Isabelle Attard a reçu « une vingtaine de lettres de parlementaires », exprimant leur soutien à ce groupe. « Cinq hommes pour 15 femmes« , précise la députée. Ce mercredi, seuls trois députés se sont déplacés pour la première réunion, présidée par Isabelle Attard: Isabelle Bruneau (PS), Sergio Coronado (EELV) et Pouria Amirshahi (PS).
Où sont les députés UMP? Isabelle Attard explique que certaines députées de droite souhaitaient venir mais ont subi des pressions de leur groupe. « J’aimerais que les femmes de l’opposition nous rejoignent », lance-t-elle. Malgré cette inauguration discrète, la députée reste confiante et prévient que la fréquence des réunions dépendra de « l’actualité » du sexisme à l’Assemblée.
Et justement, dimanche dernier, Marion Maréchal-Le Pen a été insultée par Jean Bourdeau, attaché parlementaire socialiste. Dans un tweet, il l’a qualifiée de « salope » et de « conne ». La députée FN a aussitôt demandé au PS de prendre ses responsabilités dans cette affaire. Une nouvelle affaire de sexisme? Pour Isabelle Attard, « ce sont des insultes inacceptables, mais pas sexistes ». Elle explique que des hommes entre eux ou des femmes entre elles peuvent s’insulter de la sorte. Lutter contre le sexisme, oui. Mais lutter contre la « grossièreté » des députés est, semble-t-il, un autre combat.