Shein au BHV, quel bazar…

Après un premier coup d’essai avec un magasin éphémère dans le 3e arrondissement (rue de Turenne) fin septembre, Shein revient à la charge. Le 2 octobre, le président de la Société des Grands Magasins, propriétaire du BHV, a annoncé l’installation de la marque de mode ultra éphémère en plein cœur de Paris.

 Fondé il y a plus de 160 ans, le BHV fait partie du patrimoine parisien. Ses murs racontent l’ambition originelle de son fondateur, créer « le meilleur marché de tout Paris ». Une idée initiale simple : proposer aux Parisiennes et aux Parisiens des produits de qualité à des prix accessibles. À la fois un lieu de commerce, d’artisanat, de modernité, un espace d’inspiration et d’émulation pour la ville. 

Le BHV a traversé les époques, accompagné les mutations de Paris, témoin depuis la rue de Rivoli des engagements écologiques et sociaux de la place de l’Hôtel de Ville. Et pourtant. 

Car Shein, ce n’est rien d’autre que l’incarnation d’un modèle qui épuise la planète, exploite les travailleurs et encourage le consumérisme le plus brutal, alors même que sept des neuf limites planétaires sont déjà franchies. La marque se définit par une surproduction textile aux effets environnementaux désastreux, où se cachent derrière les vitrines colorées et les prix dérisoires des conditions de travail inhumaines. Journées de quinze heures, travail forcé présumé, absence totale de transparence sur les chaînes de production… 

Shein au BHV, c’est le renoncement à l’idée qu’un autre commerce est possible, à la fois vivant, durable et juste. C’est la négation du travail des artisans et créateurs qui s’engagent à travers des produits respectueux des travailleurs comme de l’environnement.  

Heureusement, des voix s’élèvent. Des marques ont choisi de protester contre cette installation, certains allant jusqu’à quitter le BHV en signe de désaccord. Une pétition a même réuni plus de 90 000 signatures. Je ne peux alors vous inciter qu’à joindre la vôtre à celles-ci.

Car oui, Paris mérite mieux.