Auteur de très nombreux romans, essais, nouvelles, poèmes, Erri de Luca est l’un des écrivains italiens les plus lus dans le monde.
Poursuivi pour «incitation publique à la délinquance», au sabotage, il comparaissait le 16 mars dernier devant le tribunal de Turin.
Les faits ? L’écrivain soutient depuis huit ans le combat des habitants du val de Suse – les «No TAV» (No al Treno ad Alta Velocità) – contre ce qu’ils considèrent comme un projet inutile, dispendieux et ravageur pour leur environnement, à savoir le projet de ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin. Ainsi, il déclarait lors d’une interview en septembre 2013 : «La TAV doit être sabotée. Voilà pourquoi les cisailles étaient utiles : elles servent à couper les grillages, elles sont nécessaires pour faire comprendre que la TAV est une entreprise nuisible et inutile.» C’est contre ces mots que le promoteur du projet a porté plainte, plainte qui a aboutit à la mise en examen de l’écrivain.
Ainsi, quelques semaines après que la France, et le monde à ses côtés, ce soit levée pour défendre la liberté d’expression, un homme risque un à cinq ans de prison pour les quelques mots qu’il a prononcés. Pourtant, l’article 21 de la Constitution italienne précise bien que «Chacun a le droit de manifester librement sa propre pensée par la parole, l’écrit et tout autre moyen de diffusion.»
Un large collectif de personnalités de la culture, d’éluEs et de citoyenNEs s’est mis en place autour d’Erri de Lucas pour défendre certes la liberté d’expression mais pas seulement. En effet, dans une tribune publiée le 1er mars 2015 dans Libération, les signataires écrivaient :
« En lecteurs, nous exprimons notre solidarité avec Erri De Luca.
En citoyens, nous demandons à l’Etat français de donner l’ordre à SNCF Réseau de faire retirer cette plainte.
En Européens, nous demandons au Parlement européen de se prononcer sur la liberté de critique d’un projet financé par la Commission européenne sur nos deniers.
En défenseurs de la liberté d’expression, nous n’acceptons pas qu’un écrivain soit poursuivi pour ses mots. »
Solidaire de cette bataille, j’ai signé cette tribune et interpellé le président de la République afin qu’il reçoive Erri de Luca.
Retrouvez la tribune sur le site de Libération