Fixé comme priorité numéro un par Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, au lendemain de la déroute des départementales, le rassemblement de la gauche risque fort de virer au casse-tête. Car si les écologistes, comme le Front de gauche, avancent en ordre dispersé, traversés par leurs propres contradictions, les socialistes, de leur côté, sont en train d’ériger leurs divisions en art de vivre.
Le passage à l’heure d’été n’ayant en rien amélioré cette imprévisible horlogerie. En témoigne la sévère passe d’armes, par médias interposés entre Arnaud Montebourg, l’ex-ministre du Redressement productif, et Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement.
Politiques absurdes
En effet, alors que le premier, dans une interview aux « Échos », a de nouveau attaqué les orientations économiques du gouvernement, affirmant que François Hollande, menait des « politiques absurdes» directement responsables de l’augmentation du chômage, le second lui a opposé une réponse tout aus-
si cinglante. Ne cachant pas sa « consternation », Jean-Marie Le Guen a d’abord déploré des «propos violents, outranciers et incohérents » avant de livrer un diagnostic qui en dit long sur la fracture qui ronge désormais le PS, en distinguant deux gauches. L’une, « mortifère, dans le déni de la responsabilité » ; l’autre, « celle que représente ce gouvernement, qui est à l’action, qui assume ses responsabilités ». Des propos jugés «au mieux irresponsables, au pire cyniques», par Pouria Amirshahi.
Joint hier, le député PS des Françaisde l’étranger et membre de l’aile gauche rappelle que « pour dialoguer, il faut être deux». Or, comme on le sait, si les frondeurs ont été reçus par François Hollande avant les départementales, les deux parties n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente.« Nous sommes Lice
à une équation impossible, souligne-t-il. On veut faire le rassemblement sur une politique qui empêche précisément ce rassemblement».
Vieilles recettes Libérales
Et d’ajouter:» Nous sommes face à de vieilles recettes libérales qui crispent et divisent. Une partie de l’argent public donné aux entreprises est sans contrepartie et sans résultat Les inégalités ont toutes augmenté :territoriales, professionnelles, salariales…» Résultat: pendant que le patron de la Rue de Solférino multiplie les rendez-vous avec les partenaires du PS, du côté de l’aile gauche cap est mis sur le congrès de juin à Poitiers. Une échéance qui s’annonce décisive pour la suite du quinquennat.
«Si on veut contraindre au dialogue le gouvernement pour un agenda de réforme audacieux, il faut un nouvel axe majoritaire au Parti socialiste, prévient Pouria Amirshahi. La question qui se pose est celle du degré d’autonomie politique assumé par le parti, indiqué t-il. De là dépendra le degré de con-
fiance que l’on aura avec nos partenaires. Les écologistes et les communistes accepteront de se mettre dans des perspectives communes s’il y a cette autonomie.»
Une position qu’il résume d’une formule : »Qui le PS défend-il en premier ? Ses électeurs ou le gouvernement? »
François Hollande, qui n’ignore rien des enjeux de ce congrès, a prévu de faire plusieurs annonces aujourd’hui, lors d’un déplacement dans l’Oise, surie thème de l’investissement Pour remettre les pendules à l’heure?
Par Jefferson Desport
Article à relire sur le site de Sud-Ouest