Syrie: aucune stratégie militaire ne saurait masquer l’indispensable solution politique

Syrie: aucune stratégie militaire ne saurait masquer l’indispensable solution politique

Avant le débat parlementaire sur l’intervention en Syrie, je veux redire ma conviction que l’impasse meurtrière dans laquelle est bloqué ce pays sera surmontée par une solution politique et une stratégie géopolitique.

Un enjeu de droit et de légalité

Il n’y a pas de cadre légal international à des frappes en Syrie. Répétons-le, encore et encore, une action engageant la France, quelle qu’elle soit, doit être menée dans le cadre d’un mandat onusien clair ou dans le cadre des articles applicables de la Charte des Nations unies. Pour la France, ce serait une première et un grave précédent dont nos futurs gouvernements risqueront de s’inspirer pour mener des guerres sans passer par le cadre légal international.  Je souhaite que la France demande la convocation du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Pour se débarrasser du joug assassin de Bachar Al Assad et de la folie meurtrière de Daech, il convient – au-delà de l’approche militaire, de s’appuyer sur les Syriens eux-mêmes.

La sortie de crise se pense dès aujourd’hui

Quelles promesses faire au peuple syrien pour la reconstruction de son pays ? Une solution militaire qui omettrait de contribuer à reconstruire des institutions solides en Syrie ne ferait que préparer le terrain à un successeur de Daech.

Une intervention de la France en Syrie, guidée par l’objectif d’éradiquer la menace terroriste et de limiter ainsi le départ en exil de millions de Syriens, ne saurait faire l’économie d’un objectif de long terme et d’une stratégie concertée. Il ne peut être question de lancer nos forces armées sans exposer clairement une stratégie aussi bien pour la population syrienne, le Liban voisin que l’ensemble du Moyen-Orient.

Le gouvernement doit donc répondre sur les objectifs précis, de court comme de moyen terme, de l’action envisagée en Syrie.

Enfin, comme pour les débats précédents, je réitère qu’il est indispensable de donner à la représentation nationale la possibilité de s’exprimer sur cette stratégie, par un vote, ce qui une fois de plus n’est pas le cas aujourd’hui.

A fortiori parce que l’on envisage de faire parler les armes, ce sont la raison et le droit qui doivent gouverner les esprits.