Syrie: Réfléchir avant d’intervenir

Le massacre de civils dans la Goutha damascène, par l’usage probable d’armes chimiques, conduit les Etats-Unis à envisager des frappes aériennes.

Si la France a eu raison d’alerter la communauté internationale sur les graves crimes commis depuis le début de la guerre civile en Syrie, il est important de rappeler qu’aucune décision d’intervention militaire ne doit être prise avant la remise des conclusions du rapport de la mission des Nations Unies, voulue par la France. Il convient donc d’en attendre les témoignages et les recommandations. À ce stade, il manque en droit comme en fait les preuves irréfutables des responsabilités dans les massacres chimiques.

De même, une éventuelle décision d’intervention devrait se faire dans le respect de la légalité internationale. Si l’utilisation d’armes chimiques sur des populations civiles est vérifiée et les responsables désignés, il reviendra en droit aux membres du Conseil de sécurité d’examiner les moyens d’action, conformément aux traités internationaux.

Les erreurs passées ne doivent pas se répéter. La complexité et la volatilité de la situation régionale l’exigent. S’opposer à l’assassin Bachar El Assad est légitime, mais rien ne montre qu’une intervention militaire aujourd’hui imprécise, aux buts mal définis, sans cible clairement identifiée contribue à la fin de la guerre civile et aux massacres. De même, nous devons débattre des conséquences et scenarii potentiellement issus d’une intervention militaire, dans tout le proche et Moyen-Orient en particulier.

Enfin, la Représentation nationale doit être formellement saisie doit pouvoir interroger le gouvernement sur les objectifs précis de ces éventuelles frappes. En effet, toute action ne saurait se résumer à une seule option militaire, mais devra d’abord proposer une solution politique, à laquelle tous les acteurs crédibles doivent être associés. À ce jour, les forces les plus organisées sont manifestement des activistes dits salafistes qui, pas plus que Bachar El Assad, ne peuvent être des interlocuteurs.

Il ne peut être question de lancer nos forces armées sans exposer clairement une stratégie aussi bien pour la population syrienne, le Liban voisin, l’ensemble du Moyen-Orient et les intérêts français en matière de sécurité et de développement.