[Tunisie] Interview de la liste Français du Monde Tous citoyens solidaires menée par Martine Vautrin Djedidi

Dans le cadre des élections consulaires, Le Petit Journal a interviewé chaque candidat tête de liste. Retrouvez ici l’interview de la liste « Français du Monde Tous Citoyens Solidaires », conduite par Martine Vautrin Djedidi

Lepetitjournal.com : Merci de vous présenter succintement :
Martine Vautrin Djedidi : Née à Paris, après des études en sciences humaines, je m’installe en Tunisie en 75 avec mon compagnon Tunisien venu y ouvrir sa pharmacie. Une carrière dans le secteur touristique, puis dans une PME à Hammamet. Deux enfants, étudiants en France, qui ont été scolarisés dans le système scolaire tunisien et en partie, dans notre réseau.
Entrée en 98 au conseil d’administration de Français du monde adfe Tunisie, en charge des régions, présidente de l‘association entre 2001 et 2007, puis élue en 2009 Conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour la circonscription Tunisie-Libye et en 2012, suppléante du Député des Français de l’étranger de la 9° circonscription (Afrique du Nord et de l’Ouest) Pouria Amirshahi.
Ma devise pourrait être : Fidélité et lucidité. Convictions et indépendance.

Pouvez-vous présenter brièvement les candidats de votre liste ?
2 – FRANCIS GAETTI ingénieur.
Né en Algérie, résident a Sousse depuis 2009 avec son épouse Tunisienne. Carrière d’ingénieur et manager à la SNCF puis direction régionale d’un Cabinet privé de Conseil et de Formation au Management. Il poursuit cette activité à Sousse. A présidé une association de Solidarité avec les Travailleurs Migrants, et membre actif de l’association culturelle France Maghreb «Coup de Soleil ». A Sousse, il anime la section locale du parti socialiste, est membre de Français du monde adfe et collabore à une association tunisienne francophone «CAP 2025» oeuvrant auprès de la jeunesse pour favoriser l’éclosion d’une citoyenneté active et responsable. 
3 – MARIE BOUAZZI Universitaire.
Née à Avallon , diplômée de l’ Ecole Normale Supérieure en mathématiques. En Tunisie depuis 1976, mariée à un Tunisien. Professeur universitaire en France puis en Tunisie. Militante syndicale au SNESup en France puis en Tunisie, Secrétaire générale du SNESup-Tunisie de 1990 à 1996.
Adhérente à Français du monde – adfe – Tunisie depuis sa création en 1981, membre du bureau , présidente actuelle. A ce titre a participé aux commissions et comités consulaires, où elle a défendu les intérêts de tous les citoyens français résidant en Tunisie. 
4 – GABRIEL OSTACCHINI chef d’entreprise ;
Né à Marseille, vit en Tunisie depuis 23 ans et spécialisé dans la gestion du stress. Marié à une Tunisienne et père d’une fille.
Membre du conseil d’administration de Français du monde – adfe Tunisie de 2002 à 2008, en charge de l’enseignement et de la communication, vice-président de la à 2 reprises, ancien responsable à l’Association de parents d’élèves, où il a milité pour l’insertion des enfants en situation de handicap dans les établissements scolaires français en Tunisie.
5 – ROXANE BEN BRAHIM mère de famille
Née à Téhéran (Iran) de parents franco-iraniens, s’installe en France en 1979 avec sa famille, Etudes de sciences économiques et travaille dans un cabinet de conseil financier ; en Tunisie avec son conjoint tunisien dans les années 90. Ayant quatre enfants, auxquels elle se consacre, elle met un terme à sa carrière professionnelle. 
Parallèlement, s’engage dans l’activité associative. Depuis plus d’une décennie, milite pour l’intégration des élèves en situation de handicap ou ayant des besoins spécifiques, dans le milieu scolaire ordinaire, dans différentes instances liées aux établissements scolaires du réseau AEFE. 
6 – NOURREDINE CHEBBI
Né au Kef, enseignant retraité. Résidant à Nabeul. Membre du bureau régional de français du monde adfe et du conseil d’administration. Membres d’associations d’aide aux orphelins et familles en difficulté. 
7 – NADIA ZOUITEN Interprète de conférence. Résidente à Tunis. Militante associative et politique. 
8 – CEDRIC FRUCHON expatrié, Professeur dans le réseau de l’AEFE. Militant EELV. 
9 – SOUAD ZAROUI Née à Tunis, Secrétaire – membre du bureau de Français du monde adfe en charge des activités. 
10 – JOEL MARROUAT Chef d’entreprise à Tripoli. Correspondant de Français du monde adfe. 
11 – ANNICK BAKHTRI Enseignante retraitée. Ex conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger de 2003 à 2009.

Quelles sont les particularités et la couleur politique de la liste que vous conduisez ?
Tous les membres de la liste sont, à des titres divers, et parfois depuis très longtemps actifs dans la société civile, la vie associative, en France ou en Tunisie, ont parfois été élus locaux aussi. La plupart ne sont pas « encartés » mais notre liste est soutenue par le Parti socialiste, Europe Ecologie les Verts, Le Parti Radical de gauche, le Mouvement Républicain et Citoyen, et Français du monde adfe au niveau international, ce qui en fait une liste qui se situe clairement à gauche.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
Très brièvement, car les circulaires électorales sont diffusées largement :
ACTION SOCIALE Protection sociale. Soutien aux plus fragiles. Accès à la formation et l’emploi. Aide à l’entreprenariat.
ACTION CONSULAIRE Préserver la mission et les moyens de service public dans une administration de proximité. Lever les contraintes sur les biens immobiliers. Faciliter le droit au séjour, la circulation des personnes et la mobilité. Assurer la sécurité. Faire appliquer les décisions de justice et les accords bilatéraux.
EDUCATION–CULTURE Une priorité et une offre éducative pour tous. Une mixité sociale à maintenir. Un accueil et l’accès aux études universitaires en France et en Europe. Une francophonie et une francosphère active et innovante

Si vous êtes élue, comment voyez-vous votre mandat de conseiller consulaire ?
Notre mandat sera celui qui est fixé par le cadre législatif : les conseillers consulaires sont des élus de proximité, représentant les Français établis hors de France auprès des ambassades et des consulats, au sein des conseils consulaires.
Ils siègeront dans des conseils consulaires réunis sous la présidence du chef de poste diplomatique ou consulaire au moins deux fois par an, en fonction du volume de sujets à traiter. Les conseils consulaires participeront à la mise en place des politiques conduites pour les Français de l’étranger (enseignement, aides sociales, emploi et formation professionnelle, etc.).
Le « etc. » … dépendra de la volonté et de l’expérience des élus ! Ce mandat sera aussi ce que nous en ferons. Comme depuis 2009, je continuerai avec mes colistiers à être vigilante et attentive aux attentes et suggestions des électeurs, ainsi qu’aux conséquences des décisions prises, et formulerai des propositions tant au niveau local que national.
Les conseillers consulaires sont aussi de grands électeurs qui devront faire un choix politique au moment des élections sénatoriales.

Quelles sont vos motivations, pourquoi cet engagement au niveau de la vie locale ?
L’engagement nait souvent de nos propres questions. Pour moi ce fut le jour où un responsable du réseau d’enseignement français me répondit que mon fils, scolarisé dans le système tunisien, devait écrire une lettre de motivation et me demandait de me justifier ! Et lorsque je me suis me suis rendue compte d’une pratique de la rétention d’informations sur les aides délivrées à nos compatriotes.
Donc, informer, servir et être utile d’abord et avant tout. Aujourd’hui, mes motivations sont simples : donner du sens et du contenu à une vie citoyenne hors de France, valoriser les liens avec la France, et faire évoluer ceux existants entre nos deux pays.

Sur quelle expérience vous appuyez-vous pour valoriser votre liste et vos propositions ?
Une « certaine expérience », et surtout une pratique ! un engagement associatif d’une vingtaine d’années, une vie au cœur de la société tunisienne, une vie politique en France, la participation depuis plus de 10 ans aux comités consulaires, au titre de Français du monde adfe d’abord, puis comme élue en 2009, localement et à Paris à l’Assemblée, et depuis 2012 avec un champ de réflexion élargi comme suppléante du Député de la circonscription. Tout cela permet d’avoir une vision claire des attentes et des besoins, de ce qui est possible et de ce qui doit être proposé.

Quelle est votre position sur l’enseignement français en Tunisie, son accessibilité et son organisation ?
L’enseignement français en Tunisie a une riche histoire. Il a, comme dans l’ensemble du réseau dans le monde une double vocation et il repose sur deux pieds : les familles Françaises d’une part et les familles tunisiennes et tiers, d’autre part. Les seconds participent au maintien du système.
Ensuite, un enseignement excellent, est d’abord celui qui offre une chance à tous les élèves, ce n’est pas un réseau élitiste.
Pour les familles françaises, la question qui mobilise est effectivement celle de son accès, après avec la suppression de la prise en charge totale, la réforme a pour objectifs de :
– simplifier le système devenu trop complexe,
– le rendre plus équitable et plus démocratique,
– l’ouvrir à des familles à revenus intermédiaires
– et garantir son pilotage budgétaire, condition indispensable à sa survie.
Et contrairement à ce qui est affirmé par certains candidats, l’aide de l’état ne diminue pas !
Mais il y a aussi l’accessibilité géographique, et, en absence de moyens pour étendre le réseau il faudra trouver des solutions alternatives locales, comme l’enseignement par le CNED, déjà expérimenté à Bizerte.
Concernant, l’organisation, si la question porte sur les structures administratives, je n’ai pas de remarques particulières. S’i s’agit des choix pédagogiques, les associations de parents d’élèves, premières concernées, sont compétentes pour donner leur avis. S’il s’agit des statuts des enseignants, la question est complexe mais disons, entre autres, que les recrutés locaux mériteraient d’être mieux traités et qu’il faut être vigilant sur la formation et le recrutement.

Il est fondamental que les familles soient sécurisées par un système clair et stable. Nous serons attentifs à la diminution du nombre de bourses à haute quotité ; en effet, cette baisse était souhaitée lorsque ces quotités découlaient de frais excessifs déduits des revenus de familles aisées, mais elle est inacceptable lorsqu’elle atteint des familles à revenus moyens, ou bas, raison de plus. .

Et sur la CFE ?
Malgré les réticences de la direction de la CFE, peu admissibles pour une caisse bénéficiaire, nous avions finalement réussi à obtenir l’ouverture d’une 3° catégorie de cotisants, dite catégorie « aidée» dont une partie des cotisations (proportionnelles aux revenus ) est prise en charge par l’état. Cette participation est remise en cause, ce que je déplore ; mais le plus grave est que la population ciblée n’a parfois même plus les moyens d’assumer sa part ( 280 € par trimestre) Un taux de change défavorable, ajouté à des conditions économiques les contraint à quitter le système.
la CFE devrait être accessible à tous.

Qu’est-ce qui différencie votre liste et vous -même des autres candidats ?
J’ai une autre devise : agir local, penser global.
Les questions posées au niveau local ne trouveront souvent de réponses que par des décisions au niveau national, via les parlementaire en France, et parfois même au niveau de l’Union Européenne. Tout est lié. Ce qui nous différencie sur ce plan là ? L’expérience, la pratique, et la crédibilité par rapport à certaines listes, des relais et nationaux associatifs et politiques et un réseau mondial par rapport à d’autres.
Démocratiquement, c’est aussi une remise en question du travail effectué collectiement et individuellement durant ces dernières années, et ce sont les électeurs qui trancheront.

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) mardi 20 mai 2014