Du 6 au 12 janvier, soit quinze jours après mon dernier déplacement en compagnie du président de la République, je me suis rendu en Algérie. La visite de François Hollande avait été largement commentée, j’ai moi-même publié dans la presse le bilan que j’en avais tiré ; je n’y reviendrai donc guère, sauf pour constater que, partout où je me suis rendu, elle a été perçue comme déterminante … à condition toutefois que les changements se traduisent en actes dans les prochains mois.
Cette fois, loin des protocoles, j’ai consacré l’intégralité du séjour à des rencontres avec nos compatriotes. Oran, Alger, Bejaïa, Djijel, Constantine, Annaba… autant d’étapes ponctuées de rencontres avec mes concitoyens, de visites consulaires, de découvertes de nouveaux espaces citoyens, d’échanges avec les acteurs économiques, etc. L’occasion aussi, à chaque étape, de tenir des permanences parlementaires afin de répondre aux préoccupations, nombreuses, de nos compatriotes. Je profite de l’occasion pour remercier, Fwad Hasnaoui, conseiller élu des Français d’Algérie sans qui le déplacement n’aurait sans doute pas été le même.
L’enjeu de la scolarité et de l’éducation, encore et toujours
Petit rappel historique : la décennie noire ayant frappé l’Algérie, la plupart des établissements français avaient fermé. Si les Instituts français (anciens centres culturels) ont progressivement rouvert depuis, ce n’est pas le cas des écoles. Pour tous nos compatriotes qui sont malgré tout restés en Algérie, mais aussi pour de nombreux Algériens, cette absence est regrettée tous les jours. Mais elle est aussi préjudiciable à l’avenir franco-algérien. Par exemple, comment répondre à l’invitation des algériens eux-mêmes à renforcer la présence de nos entreprises si les futurs expatriés ne trouvent aucune possibilité de scolariser leurs enfants ? La présence d’établissements scolaires en Algérie est certes une préoccupation légitime de la communauté française, mais c’est une question qui s’inscrit concrètement dans la nouvelle stratégie franco-algérienne formulée lors de la visite de François Hollande.
L’EPIAD, un établissement à l’avant garde de la modernité. Un encouragement pour l’ouverture d’autres écoles
C’est dans ce contexte que j’ai visité le nouvel établissement d’enseignement primaire à Alger qui, enfin, répond aux besoins de scolarisation des la maternelle de nombreuses familles.
Située à Hydra, l’école primaire internationale Alexandre Dumas a ouvert ses portes en septembre de cette année. Félicitations au proviseur M. Vianney Tipa et à toute son équipe qui n’ont pas manqué de détermination pour faire aboutir ce projet. L’école offre deux classes pour la maternelle et quinze classes pour la primaire. Avec un équipement d’excellence, comme par exemple ces tableaux interactifs, l’école offre aux enfants des conditions idéales d’études et aux enseignants une qualité de travail que j’ai rarement observées ailleurs, y compris en France. Pour l’association des parents d’élèves autant que pour les enseignants que j’ai rencontrés, c’est une véritable « bouffée d’oxygène ». Bien sûr, cela n’efface pas les grandes difficultés pour les familles (frais de scolarité encore beaucoup trop élevés) ou pour le personnel enseignant et administratif, en particulier celui qui est en contrat de droit local. Ces sujets ne seront pas mis de côté. De la même façon, le verre à moitié vide nous rappelle que le nombre de places disponibles est encore trop faible par rapport au nombre de demandes et que des solutions devront être trouvées. Mais le verre à moitié plein, lui, nous montre que cette ouverture marque incontestablement une nouvelle dynamique qui redonne confiance à nos compatriotes à Oran ou encore à Annaba. Nous sommes d’ailleurs déjà activement en recherche de solutions pour que ces deux villes voient à leur tour des écoles rouvrir leurs portes. Je sais que nos consuls généraux – MM. Soriano et Safty – sont très impliqués dans cette mission.

À Bejaïa, Visite de l’espace francophone « Les Lumières de Bougie »
Comme je m’y étais engagé, j’ai visité le premier espace francophone de la ville. Avec ses dix classes de français et plusieurs centaines d’utilisateurs des locaux, ce lieu multiplie ses activités (danses, bibliothèque, cours de musique, sport, activités d’éveil…) et fait preuve d’un dynamisme époustouflant.
Voilà un an que cette association se développe, grâce aux conditions favorables de location du propriétaire de l’immeuble mais aussi grâce à l’engagement de tous les militants associatifs de Français du Monde (Adfe) qui ne comptent pas leur temps pour faire vivre ce lieu vivant de la francophonie.
Des services consulaires qui ne cessent de s’améliorer, mais attention à ne pas diminuer plus encore leurs effectifs
Je tiens à remercier nos trois Consuls généraux, mais aussi leurs chefs de services ainsi que les agents que j’ai rencontrés, d’avoir pris le temps nécessaire pour m’exposer une nouvelle fois toutes les riches facettes de leurs missions. Si je regrette toujours la trop grande difficulté d’accès à nos consulats – pour des raisons de sécurité dont on imagine, hélas, qu’elles ne sont pas près de diminuer… – je constate encore le souci constant de la qualité du service public afin que nos compatriotes (pour des démarches d’état civil principalement) et nos amis algériens (pour les visas) soient accompagnés dans les meilleures conditions. Alors que des réflexions sont en cours pour réorganiser l’ensemble de notre réseau consulaire dans le monde, il faut rappeler qu’en Algérie, les actes administratifs sont en constante augmentation. À Alger par exemple, les demandes de Visa ont augmenté de 44% en une année ! Le même mouvement existe dans tout le pays. Nous avons donc plus que jamais besoin de notre personnel consulaire, dont il faut même améliorer les conditions de travail, en particulier celle des agents en contrat de Droit local. Des postes sont aussi envisageables pour « désengorger » nos services : dématérialisation de certains services (demandes de rendez-vous par internet), allégement des démarches liées à l’état civil et surtout à la nationalité (le plus souvent aussi vexatoires qu’inutiles), augmentation du nombre de visas de circulation (c’est-à-dire pour des allers et retours multiples), système d’alertes SMS pour rappeler aux personnes une échéance administrative prochaine (par exemple une prochaine expiration de validité d’un document) etc.
Des instituts français qui méritent d’être soutenus

Les visites des instituts français d’Oran, d’Annaba et de Constantine (j’avais déjà visite celui d’Alger et de Tlemcen l’an passé) ont confirmé leur indispensable rôle stratégique dans l’approfondissement des relations bilatérales et la pérennité du lien entre nos deux sociétés, française et algérienne.
Je sais que nous avons réussi à sanctuariser le budget des écoles, du réseau consulaire et de l’action sociale au sein du Ministère des Affaires étrangères, mais la baisse de 7% de leurs crédits (qui s’ajoute aux précédentes) pour 2013 reste à mon avis une erreur stratégique. Encore une fois, il faudra préserver notre réseau pour les années qui viennent car si les professionnels ont su développer l’autofinancement de certaines actions culturelles et d’apprentissages (de la langue française en particulier, pour laquelle la demande explose !), ils doivent être soutenus par le gouvernement. À titre d’exemple, avec 29 agents et plus de 2000 inscrits à la médiathèque, l’institut d’Oran relaie plusieurs initiatives comme la Nuit du Conte ou la Nuit Blanche. À l’instar des autres IF, il héberge Campus France (qui oriente les candidats aux études supérieures en France), organise de très nombreuses activités cinématographiques et représentations théâtrales. Bref, depuis son ouverture en 2002, l’institut français s’est fondu dans le paysage en devenant incontournable tant pour les Français que pour les Oranais. J’en profite pour saluer l’arrivée du nouveau directeur de l’Institut de Constantine, M. Albat qui pourra compter sur mon soutien pour ses projets d’extension.
Partenariats économiques, quelles suites du déplacement présidentiel ?
Rencontre avec la CCIAF (Centre de Commerce et d’Industrie Algéro-Française)
Créée en 2011 par des hommes (et pas encore beaucoup de femmes) d’affaires algériens et français, l’association a pour but de favoriser le développement des relations entre les entreprises des deux pays en matière industrielle et commerciale. J’avais déjà eu l’occasion de vous rendre compte de mes précédentes visites et rencontres avec les acteurs économiques algériens. À l’occasion du déplacement de François Hollande, s’était tenu à Alger un forum économique. J’avais demandé qu’on puisse, avec les chefs d’entreprise, faire un premier bilan de ce moment, au-delà de l’accord enfin signé avec Renault. Si les accords doivent maintenant être mis en œuvre et réellement suivis, c’est surtout le bénéfice que pourront en tirer les PME, algériennes et françaises, qui est une préoccupation. De même, des solutions doivent être trouvées pour faciliter la circulation des personnes (c’est en cours avec les facilites d’octroi de visa) et des capitaux (ce sera plus long vu les règles monétaires algériennes). Enfin, le renforcement du Volontariat International en Entreprise (VIE) ou, pourquoi pas, l’extension du Visa-Vacances-Travail aux pays d’Afrique qui le souhaitent, font partie des propositions qu’il faudra faire avancer dans les prochaines semaines. Nous avons convenu de donner une certaine régularité à ces échanges. Pour ma part, leur éclairage m’apporte énormément pour faire avancer par des actes concrets la relation franco-algérienne.
Visites d’entreprises à Jijel
Jijel est une ville en plein développement. Depuis les années 2000, la ville a repris son développement économique, avec notamment la mise en service du grand port commercial de Djen Djen situé à quelques kilomètres à l’est et la zone franche installée aux environs de la ville. J’ai appris par le chef d’îlot, que les Français résidents n’étaient pas très nombreux à Jijel mais qu’ils étaient pleinement investis dans la vie économique de la Ville.
- la Somemi SARL, spécialisée dans la mécanique de précision dirigée par Adel Bensaci. Cette entreprise a un très fort potentiel de développement régional et international.
- Hotel Jazira, un hôtel de 36 chambres dirigé par Djamel Tebibel Eddine.
Passer du temps avec les Français, donner une suite aux demandes

Les permanences parlementaires que j’ai tenues à Oran, Alger, Constantine et Annaba étaient assez denses…mais de nombreux rendez-vous que j’ai eus ne devraient même pas exister ! Quand je pense, par exemple, à toutes ces personnes dont l’administration a exigé ces dernières années des « preuves » de nationalité (en particulier le fameux Certificat) alors même qu’elles avaient déjà passeport ou CNI…
Mais, au-delà des difficultés rencontrées par nos compatriotes, ces permanences, ainsi qu’elles réunions publiques, sont aussi l’occasion de ne pas perde de vue l’essentiel et de rester connecté au réel. Pour chaque situation soulevée, mes collaborateurs orientent, informent ou quand c’est nécessaire, préparent les interventions que je dois faire. Surtout, mes échanges avec les citoyens orientent mon action en faveur des français de l’étranger et je compte donner suite aux situations très spécifiques que rencontrent nos compatriotes établis hors de France. Je tiens également a salué le travail de Radya Rahal, conseillère élu des Français d’Algérie, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Alger et qui fait beaucoup pour la communauté française. J’aimerais aussi remercier Redha Djeghaba, qui, depuis Annaba, a su aiguiller chacune des étapes de ce déplacement.

Concrètement, je prendrai rendez-vous avec le Service de la nationalité des Français nés et établis hors de France car les sollicitations individuelles ont beaucoup porté sur la délivrance du Certificat de Nationalité Française. Je me rendrai également à Nantes, au service central de l’état civil pour mieux comprendre les difficultés que rencontrent de nombreux couples mixtes. Je poserai plusieurs questions écrites, notamment sur la reconnaissance des diplômes étrangers détenus par des Français (surtout dans la filière médicale). Enfin, je ferai le point avec l’Agence de l’Enseignement Français à l’étranger, pour sur les perspectives d’ouverture de nouveaux établissements scolaires dans les prochaines années en Algérie.
À suivre, donc…