Le vendredi 9 octobre a été adopté un décret permettant aux Chibanis (« cheveux blancs » en arabe) de « choisir librement leur lieu de résidence » à compter du 1er janvier 2016.
Les Chibanis sont venus en France dans les années 60 pour y travailler. Ils sont aujourd’hui environ 300.000. On les appelle aussi les « invisibles » ou les « sans-voix » car ils ont construit leurs vies en France en toute discrétion, sans jamais se plaindre ou revendiquer leurs droits.
Ces Chibanis aujourd’hui à la retraite n’ont pas retrouvé leurs pays natals : un choix pour certains, une nécessité pour d’autres.
Ce choix était dicté par la condition de résidence imposée par l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées). En effet pour pouvoir bénéficier de cette allocation ils devaient résider en France au moins 6 mois par an. Ainsi une majorité d’entre eux renonçaient à se rendre dans leur pays d’origine. Ils étaient par ailleurs souvent contraints d’occuper une place en foyer anciennement SANACOTRA, souvent insalubre, toute l’année.
Ce décret offre à certains Chibanis, une prestation spécifique qui pourra aller jusqu’à 550 euros par mois, calculée en fonction de leurs ressources. Cette allocation SE SUBSTITUERA à l’ASPA et aux allocations logement. Serait-ce une aide au retour déguisée, qui servirait à éloigner les Chibanis de la France en leur attribuant une retraite dérisoire?
Les conditions d’attribution de cette allocation sont restrictives: la personne concernée doit être étrangère (ce qui exclut ceux qui ont accédé à la nationalité française) ; elle doit vivre seule (ce qui exclut les personnes vivant en couple); elle doit résider dans un foyer ou une résidence, et elle doit justifier d’une résidence régulière et ininterrompue en France pendant au moins 15 ans .
La condamnation de la Sncf pour « discrimination dans l’exécution du contrat de travail » envers des salariés marocains laissait pourtant croire que leur situation était sur le chemin de l’amélioration, on pouvait espérer que ça continue.
Les chibanis ont désormais le droit de bénéficier de leur retraite décente (pour laquelle ils ont cotisée) et de choisir leur lieu de résidence.